Une annonce très attendue, mais une déception à la clé
Après des mois de rumeurs et de spéculations, Nintendo a enfin levé le voile sur sa nouvelle console, surnommée pour l’instant « Switch 2 ». Si l’annonce a d’abord enthousiasmé les fans avec des promesses de nouvelles fonctionnalités et une offre de jeux alléchante, la révélation des prix a rapidement jeté un froid parmi les consommateurs. Ce qui aurait pu être un lancement triomphal a viré à la controverse, notamment en raison des écarts de prix significatifs entre les marchés japonais et européens, et surtout français. Alors que la Switch originelle avait séduit avec un tarif abordable et une approche innovante, cette nouvelle génération semble marquer un tournant inquiétant pour les consommateurs.
Un positionnement tarifaire incompréhensible
Dès l’ouverture des précommandes, le prix de la Switch 2 a fait parler de lui. En France, la console est proposée à un tarif de 449,99 € pour sa version de base, et grimpe jusqu’à 509,99 € avec un pack contenant le jeu **Mario Kart World**. Cette hausse de prix par rapport à la première Switch – initialement lancée à 329 € en 2017 – est difficile à justifier, même en tenant compte de l’inflation. Selon les calculs basés sur les données de l’INSEE, l’inflation cumulée entre 2017 et 2025 aurait dû faire grimper le prix de la Switch d’origine à environ 389 €. Pourtant, la Switch 2 dépasse largement ce seuil avec une augmentation d’environ 20 %.
Les écarts de prix entre le Japon et l’Europe
Le véritable scandale réside dans la différence de tarification entre les régions. Au Japon, la version de base de la Switch 2 est vendue à 49 980 yens, soit environ 330 € après conversion. Une disparité flagrante qui ne peut s’expliquer uniquement par la différence de taxes, puisque celles-ci sont de 10 % au Japon contre 20 % en France. D’autant plus troublant, une version « multilingue » de la console, incluant simplement un pack de langues supplémentaires, est commercialisée au Japon pour environ 430 €. En clair, Nintendo facture jusqu’à 100 € de plus aux consommateurs français pour les mêmes fonctionnalités. Cela soulève des questions sur la politique de prix de l’entreprise et ses priorités.
Une stratégie qui s’éloigne de l’ADN de Nintendo
Historiquement, Nintendo s’est toujours positionné comme une marque familiale, proposant des produits accessibles et innovants. La première Switch avait réussi à séduire un public large grâce à son concept hybride et son tarif compétitif. Cette nouvelle génération semble, au contraire, viser un positionnement plus « haut de gamme », avec des prix qui se rapprochent dangereusement de ceux des consoles concurrentes comme la PlayStation 5 ou la Xbox Series X. Pourtant, sur le plan technique, la Switch 2 reste bien en deçà des standards de ces machines.
Une console techniquement « modeste » à un prix premium
Bien que Nintendo n’ait pas encore dévoilé tous les détails techniques de sa Switch 2, il est déjà clair qu’elle ne rivalisera pas avec les consoles les plus performantes du marché. Alors que la PS5 et la Xbox Series X affichent respectivement des puissances de 10,28 et 12 TFLOPS, la Switch 2 devrait probablement se situer autour de 4 à 5 TFLOPS. Ce choix de rester en retrait sur le plan technologique n’est pas une surprise : Nintendo a toujours misé sur des expériences de jeu innovantes plutôt que sur la course à la puissance brute. Mais cette stratégie, autrefois saluée pour sa cohérence avec des prix abordables, semble aujourd’hui en décalage avec les attentes des consommateurs face à des tarifs si élevés.
Des jeux au prix de l’or
Le choc ne s’arrête pas là. Outre le prix de la console, celui des jeux a également fait bondir les consommateurs. Les titres pour la Switch 2 seront proposés à 90 € en version physique et à 80 € en version dématérialisée en France. Ces tarifs, qui dépassent ceux des jeux PS5 pourtant plus exigeants en matière de développement, témoignent d’une volonté de maximiser les profits au détriment des joueurs. Là encore, le Japon s’en sort mieux : les mêmes jeux sont vendus à environ 61 € pour les versions physiques et 55 € pour les versions numériques. Encore une fois, la différence de taxes ne suffit pas à expliquer un tel écart.
Un public familial mis de côté
En augmentant considérablement le prix de sa console et de ses jeux, Nintendo semble oublier l’un des piliers de son succès : son accessibilité pour les familles. Le pack incluant la console et **Mario Kart World**, commercialisé à 509,99 €, représente un investissement conséquent pour de nombreux foyers. Dans un contexte économique difficile, ce positionnement tarifaire pourrait dissuader une partie importante du public traditionnel de Nintendo.
Des mises à jour payantes : une stratégie contestable
Comme si cela ne suffisait pas, Nintendo prévoit de facturer des mises à jour pour certains jeux existants afin de les rendre compatibles avec la Switch 2. Si les détails sur les prix de ces mises à jour ne sont pas encore connus, cette pratique est déjà mal reçue par les joueurs. Les consommateurs qui ont acheté des titres comme **Super Mario Jamboree** sur la première Switch devront repasser à la caisse pour profiter des améliorations sur la Switch 2. Cette politique risque de frustrer les fans les plus fidèles de la marque.
Un appât du gain mal dissimulé
En analysant la stratégie globale de Nintendo pour le lancement de la Switch 2, il est difficile de ne pas y voir une volonté de maximiser les profits, au détriment de l’expérience utilisateur et de la satisfaction des consommateurs. L’écart de prix entre le Japon et l’Europe, les tarifs exorbitants des jeux, et les mises à jour payantes dessinent un tableau peu flatteur pour l’entreprise. Alors que Nintendo avait su conquérir le cœur des joueurs avec une approche innovante et accessible, cette nouvelle orientation pourrait ternir son image.
Un pari risqué
Nintendo mise sur la force de ses licences emblématiques, telles que **Mario**, **Zelda** ou **Pokémon**, pour justifier ces hausses de prix. Ces franchises, qui génèrent un engouement immédiat à chaque nouvelle sortie, devraient permettre à la Switch 2 de rencontrer un succès commercial. Mais ce pari est risqué. En s’éloignant de son positionnement historique, Nintendo prend le risque de perdre une partie de son audience traditionnelle, composée de familles et de joueurs occasionnels. À long terme, cette stratégie pourrait s’avérer contre-productive.
Conclusion : un lancement qui divise
La Switch 2 aurait pu être une nouvelle réussite pour Nintendo, mais son lancement est entaché par des choix tarifaires controversés. Si les fans les plus dévoués continueront probablement à soutenir la marque, le grand public pourrait être moins réceptif face à des prix qui s’éloignent de l’esprit familial et accessible qui a fait le succès de la première Switch. Dans un marché de plus en plus compétitif, Nintendo devra trouver un équilibre entre rentabilité et satisfaction des consommateurs s’il souhaite prolonger son succès. Pour l’instant, l’amertume domine, surtout en France, où les joueurs ont l’impression d’être les grands perdants de cette stratégie économique.